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Côte d’Ivoire: Hommage au Général DOUE Mathias

Il ne m’est pas donné de rendre de tels hommages à des disparus, mais le devoir me le recommande. Oui, le souvenir et la gratitude me l’exigent.
Nous étions en 2000 et la Côte d’Ivoire, vivait les vives tensions du coup d’état de Décembre 1999. C’est dans cette ambiance surchauffée que j’acceptai de faire la communication du candidat Nicolas Dioulo paix à son âme. Il était un candidat indépendant et je mesurais les risques que nous courons. Je fis lancer sa candidature à Paris pour prendre à témoin les ivoiriens et la communauté internationale.

Le message était bien accueilli et nous voilà dans l’avion pour le pays. Nous atterrissions à l’aéroport de Port-Bouet où, il y avait des militaires parsemés qui nous attendaient. Tous les grelots, tam-tams et délégations pour nous réserver, un accueil pour un candidat furent dissipés et dispersés.
Bon, je m’y attendais! Nous étions dans le mois de Mai et j’avais réservé la date du 24 Juin 2000 pour mon mariage à Garges-Lès-Gonesse, une banlieue proche de Paris.
Au vu de toutes les restrictions que nous rencontrions, je me proposai d’animer, une conférence de presse pour dénoncer toutes ces craintes. L’hôtel IBIS du Plateau, nous servit de lieu. Tous les médias y étaient. Juste après la conférence, un journaliste s’approcha de moi et me dit tranquillement à l’oreille que je fais l’objet d’une arrestation. Je ne m’y attendais pas de sitôt mais je n’y croyais pas.

Nous étions le 10 Juin de cette année. Le lendemain, je fis enregistrer mes bagages et j’attendais l’heure pour embarquer en me déguisant en une belle jeune femme. Ma voisine était, la correspondante de RFI à Abidjan, Virginie Gomez. 30 mn avant l’embarquement, trois hommes s’approchèrent de moi et me prièrent de les suivre. Virginie ayant suivi, le geste, prit soin d’envoyer un texto à sa rédaction et je fus mis aux arrêts dans une cellule à l’aéroport.
Mon arrestation fut communiquée sur toutes les ondes de radio. Le communicateur du candidat Nicolas Dioulo a été arrêté par la gente militaire au pouvoir à Abidjan. La même nuit, mon candidat vint pour constater les faits et négocier ma libération, impossible.
Dans la cellule, le gendarme qui venait de remplacer ceux qui m’avaient mis au trou, se trouvait être, un de mes compatriotes de la même ethnie que moi, il prit le risque de me laisser monter dans le camion des militaires que le cortège de mon candidat suivait.
En route, les militaires s’arrêtèrent et s’entretinrent longuement avec lui et acceptèrent de me le remettre à la seule condition qu’ils voient où je serai logé. A Marcory, les militaires posèrent leur voiture et commencèrent à me surveiller.
A quelques jours, de la date de mon mariage, je n’avais plus aucun espoir quand, trois jeunes dames vinrent au nom du Gl DOUE Mathias, me remettre mes documents de voyage. Elles m’accompagnèrent le soir à l’aéroport et je rattrapai 5 jours avant mon mariage, qui eût lieu.
Depuis, je n’arrête pas de chercher à le rencontrer pour lui manifester ma gratitude infinie, jusqu’à ce que j’apprenne, en ce jour, son décès.

 » à plusieurs reprises, le nom du Général avait cité pour prendre le pouvoir d’état, mais le patriote qu’il fut, un homme de devoir, mais pas un homme de pouvoir, je ne comprends pas les raisons de son isolement pour qu’il nous quitte piteusement. Le pouvoir quand tu nous tiens »
Mon Général, bon voyage et merci pour une vie sauvée!

Joël ETTIEN

Directeur de publication

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